La liberté, même sans les ailes? [Libre ♪]

Envie. Irrésistible, irrépressible. L'idée tenace de regarder les gens, la ville, la monde de haut; la pensée fugace cu ciel et de ses nuages, si proches. A une volée de marches à peine. La vision de cette obscurité renfermée, le temps d'atteindre l'ultime pallier. De la porte, avec un peu de chance, ouverte. A ce simple bond dans un futur si proche qu'il se heurtait au présent, depuis le bas de l'immeuble le plus élevé des environs, il y avait de quoi être déjà essoufflé par le nombre d'étages à avaler. De quoi pâlir de vertige rien qu'en levant les yeux vers l'objectif final.

Besoin. Vital, indispensable. L'asphyxie lente provoquée par les rues ombragées devenue insupportable, sortir de la foule, des barrières, des murs était une question de survie. La barbante uniformité des bâtisses, malgré toutes les formes les plus audacieuses, les couleurs les plus tapageuses, les effets de styles les plus inventifs dont elles étaient alourdies dérivant vite vers l'irrespirable, l'urgence de se retirer du décor oppressant se faisait sentir de plus en plus fort.

Et l'on pouvait trouver mille autres raisons pour ne pas rester en bas, dix mille excuses pour s'élever, monter jusqu'au royaume azur du soleil aux chauds rayons, jusqu'au palais étoilé de la lune bienveillante. Et il resterait encore, après cela, une infinité d'arguments pour se justifier de cette frénétique recherche de la vertu suprême: la liberté. Mais nous n'avons pas le temps de développer tout cela ici et maintenant. Car Fubuki était enfin venue à bout du bâtiment et de son armée de marches.

Grille. Une cage surdimensionnée, proportionnelle à l'immeuble en haut duquel elle était perchée. Agrippée à l'enchevêtrement de fer à demi rouillé qui permettait à certains imprudents de ne pas tomber, la G-men contemplait la "ville d'en haut", le domaine favori des riders; son terrain de chasse. Bien que ce soir elle n'ait prévu aucune traque. Peut-être irait-elle cueillir deux ou trois hors-la-loi au petit matin, histoire de ne pas rentrer les mains vides. Mais pour l'heure, seul le ciel au-dessus de la tête, et le vide lointain des rues éclairées en contrebas comptaient.

Le vide, ce gouffre noir au fleuve lumineux, avait longtemps attiré Fubuki. Lorsque, trop fragile pour même avoir l'idée de déployer ses ailes sans sa déesse, cette dernière sœur qui était tombée sous le coup des charognards. Mais elle n'avait jamais pu que fixer avec une envie qui la rongeait cet abysse envoûtant. Cependant aujourd'hui, rien n'aurait pu la convaincre de franchir le pas. Ni cette grille si facile à enjamber, ni ses souvenirs, encore si présents. Maintenant qu'elle avait totalement renoncé à voler, debout entre la voute céleste et l'enfer piétonnier.

Perdue entre songe et réflexion, sans vraiment analyser les pensées qui la traversaient, la jeune fille surprit les premiers oiseaux de nuit faire leur tour de chauffe. Enfouit ses mains dans ses poches pour rester immobile devant ce spectacle. Et, comme pour l'aider à se retenir, le bruit feutré d'une présence invisible arriva jusqu'aux oreilles de Fubuki. Une rumeur furtive qui s'immisça dans sa rêverie, qu'elle ne prit pas la peine de regarder, mais dont l'identité sembla l'intéresser, puisque, sans se détourner du paysage, elle consentit à montrer un brin de voix:

-Un visiteur nocturne?

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